Interactivité, arts et nouvelles technologies
Essaie sur la notion d’oeuvre interactive
Avec l’effervescence des nouvelles technologies, tous les domaines sont touchés. Les possibilités offertes et les nouvelles manières de concevoir nos rapports à la technologie sont en constante évolution. L’interactivité semble émaner comme thématique épistémologique majeure. En effet, on parle de plus en plus d’interactivité et on l’applique à toutes les sauces. Mais la question se pose et à juste titre, mais qu’est-ce que l’interactivité ? Dans cet essai, nous tenterons de faire la lumière sur cette notion. Il est évident que plusieurs auteurs ont déjà abordé la question, chacun a sa manière et il semble bien que les différentes approches présentées par ces derniers puissent nous permettre de mieux cerner la problématique qui entoure l’interactivité. Comme nous le verrons en survolant ces différentes visions, l’interactivité n’est pas le propre d’un seul domaine et ne fait pas l’unanimité. En fait, plusieurs ont tenté de définir l’interactivité en répertoriant les cas ou on semble en discerner. Cette approche statistique nous donne certes un panorama riche et diversifié des utilisations du concept d’interactivité, mais pose toutefois un problème. La pluralité des approches ne permet pas de dégager une uniformité suffisante pour pouvoir s’arrêter sur une définition claire.
C’est donc en partant d’une pluralité de points de vues sur le sujet que nous tenterons de faire émerger les éléments qui composent la problématique de l’interactivité comme notion épistémologique. Après avoir discerné les éléments communs à l’ensemble de ces approches, nous serons à même de mieux comprendre les implications de la notion d’interactivité et de les mettre en lien avec le contexte artistique. Nous tenterons alors de répondre à deux questions préalables pour établir une grille d’analyse de l’interactivité par rapport à l’art. Premièrement, la notion de spectateur habituellement utilisée pour désigner le destinataire d’une oeuvre ne semble pas pertinente dans un cadre d’analyse sur une oeuvre interactive vu la perte d’autorité de l’auteur. De plus, les implications de l’interactivité bouleversent la structure de l’oeuvre « traditionnelle » et nous amènent à nous demander « où est l’oeuvre. »
Ce qui nous amène au noeud de cet essai. La théorie générale des systèmes de Bertalanffy et la nouvelle cybernétique de Mairlot nous serviront de guides pour tenter d’élucider les racines fondamentales de l’interactivité. À travers ces deux théories clés, on découvrira que l’interactivité est essentiellement un acte de communication qui s’imbrique dans un système dynamique ouvert. Nous tenterons donc d’identifier les différentes dimensions de l’oeuvre interactive comme système et leur fonctionnement au sein de celle-ci. Enfin, à la lumière de ces éclaircissements, nous pourrons mieux comprendre la notion d’interactivité et son potentiel de déploiement dans les nouvelles technologies et leurs applications artistiques.